Ségolène Royal mise sur son aura dans l'opinion pour conquérir le PS

Publié le par Vincent Rey

LE MONDE | 10.11.07 | 13h54  •  Mis à jour le 10.11.07 | 13h54

h-9-ill-977021-royal.jpgSégolène Royal a repris le collier. Les moments d'enthousiasme de la campagne présidentielle comme les déceptions, les critiques et les ressentiments, elle assure en avoir fait l'inventaire. Courant décembre - "si je suis satisfaite du résultat", prévient-elle - paraîtra un livre-bilan écrit entre deux voyages en Amérique du Sud et trois réunions en petit comité autour d'un économiste. Ni acte de contrition, ni règlement de comptes, cet ouvrage doit marquer sa volonté d'ouvrir une nouvelle phase. Apprendre à exister en dehors d'une campagne électorale.

Désignée il y a presque un an, le 16 novembre 2006, par un parti dont elle a convaincu 61 % des adhérents mais avec lequel elle n'a jamais été en phase pendant la bataille présidentielle, Mme Royal se tient à distance du PS. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne recherche guère la compagnie des "éléphants". Convaincue de jouir d'une aura particulière dans l'opinion mais aussi auprès des militants, elle revendique un statut à part. On ne la voit jamais aux réunions hebdomadaires du bureau national et elle n'a pas non plus assisté au dernier conseil national, le parlement du parti, fin octobre. Ayant renoncé à son mandat de députée des Deux-Sèvres, elle s'est privée de tribune parlementaire mais n'a pas renoncé à s'exprimer. Désormais, elle veut intervenir "sur le fond", en choisissant ses thèmes : la crise des marins pêcheurs ou le rachat des Echos et la cession de La Tribune par le groupe LVMH. Vendredi 9 novembre, elle s'est rendue dans le cabinet d'un médecin généraliste parisien pour y dénoncer les franchises médicales, qui préfigurent "le début de la fin de la Sécurité sociale".

L'ancienne candidate considère avoir fait évoluer le discours du PS sur l'Europe - elle a appelé les socialistes à voter "oui" au traité de Lisbonne sans faire du référendum une affaire de principe -, les rapports avec le MoDem, la vision des 35 heures ou encore l'organisation de primaires à l'italienne afin de permettre aux sympathisants de désigner un candidat à l'élection présidentielle. Vertement critiquée pour avoir mis en doute, après la campagne, le bien-fondé de la proposition du smic à 1 500 euros, elle s'amuse à relever que cette mesure a étrangement disparu du vocabulaire des dirigeants socialistes.

Si elle a marqué des points au plan idéologique, Ségolène Royal tarde en revanche à afficher une stratégie de conquête du PS, qu'elle considère pourtant comme indispensable. Plutôt que de fonder un courant, elle a relancé son association Désirs d'avenir, qui revendique plus de 10 000 membres dont tous ne sont pas adhérents du PS. "Cet aiguillon va jouer un rôle de laboratoire d'idées capable d'apporter de la valeur ajoutée au PS", assure l'avocat Jean-Pierre Mignard, qui vient de prendre la présidence de Désirs d'avenir.

"Le préalable à toute chose, considère Mme Royal, c'est la reconstruction d'une offre politique cohérente et nouvelle" qu'elle pourrait "fédérer" à condition que s'opèrent des recompositions internes au PS. Elle ne "s'interdit pas" de postuler à la direction du parti mais sa tentative manquée de devenir premier secrétaire en mai dernier l'incite visiblement à la plus grande circonspection.

En outre, le spectacle donné par le PS, qui n'a toujours pas soldé le contentieux européen de 2005, ne l'encourage pas à s'impliquer dans des manoeuvres d'appareil d'autant plus aléatoires que les rapports de force internes sont devenus difficiles à cerner. Cette prudence renforce ceux qui sont convaincus que "l'accident""la parenthèse Ségolène" appartient au passé et que le départ de nombreux adhérents à 20 euros devrait hâter le mouvement. Les partisans de Mme Royal, considère Henri Emmanuelli, "ne représentent pas un mouvement de pensée". ou

Pour Ségolène Royal, le congrès prévu fin 2008 paraît encore loin. Tout le monde ne partage pas cet avis. "Il faudrait qu'elle s'investisse davantage. D'ailleurs, beaucoup le lui demandent", plaide Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes. Gaëtan Gorce, député "rénovateur" de la Nièvre, constate pour sa part que " Ségolène Royal dispose, sur le plan des idées, d'une capacité à prendre des risques que les autres n'ont pas". "Dommage qu'elle ne s'intéresse guère à la tactique, ajoute-t-il. Mais c'est aussi ce qui lui permet de voir au-delà du prochain congrès."

Dans l'immédiat, et en attendant que les grandes manoeuvres débutent au PS, Mme Royal peut se réjouir d'avoir enrayé sa chute dans les sondages. Elle a regagné dix points (à 57 % d'opinions favorables) dans le dernier tableau de bord Paris Match-IFOP.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Je suis toujours intéressé par la lecture des travaux de Vincent Rey, en ce qui concerne le co-développement, et des activités et travaux des comités locaux DA du XIIème, celui de Vincent et de Nadine Rémy.De mauvaises langues prétendent que rien de tout cela n'existe.Ce qui est faux, il suffit de se rendre sur le site de Désirs d'Avenir de Ségolène Royal, pour voir que ces comités locaux sont au moins listés.Beaucoup de militants DA désirent s'y inscrire et participer à ces travaux.Patrice Hénin
Répondre
V
Sans vouloir rentrer dans les détails, les travaux ont été présenté devant la fédé de façons publique en leur temps. Si tu avais participé de manière plus active à la présidentielle tu serais au courant.De plus il ne s'agit pas de mes travaux, mais du compte rendu des débats participatifs qui ont eu lieu sur Paris pendant la campagne.