La Rochelle - Partie I

Publié le par Loly Clerc - Paris d'Avenir

L’équipe de DA Paris, est allée à la Rochelle, une première pour beaucoup d’entre nous. Nous vous racontons comment nous l’avons vécue.
Vous connaissez l’histoire de Fabrice à Waterloo, le héros de Stendhal qui passe son temps à avoir le sentiment qu’il rate la bataille, qu’il n’y comprend rien, alors qu’il est en plein dedans ? C’est un peu l’impression du militant de base à 20 euros à La Rochelle. A ceci près que La Rochelle n’est en rien Waterloo mais le militant est bien un fantassin qui parfois ne sait plus très bien par où commencer sa campagne. Pas tout le temps bien entendu mais parfois…
JEUDI
Or donc nous voilà partis à cinq pour la Rochelle, avec le sentiment exaltant que nous allons vivre des heures historiques. Nous espérons, attendons des déclarations fracassantes, des rencontres passionnantes, des retournements de situation, des alliances …En gros, le rêve des Désireux d’Avenir roulant vers le Poitou Charentes c’est d’en revenir avec l’idée que tous les présidentiables auront pris conscience de la nécessité de s’allier avec la candidate la plus évidente pour faire face victorieusement à la droite…Et bien non, ça ne s’est pas passé comme ça.
JEUDI SOIR
A peine arrivée vers vingt deux heures, nous précipitons à la soirée barbecue de la Fédération Poitou-Charentes. Un nuage de fumée et les voitures de la presse avec des journalistes et des techniciens qui relisent leurs papiers, replient leur matériel n nous signalent l’endroit. Pas de chance : Nous arrivons trop tard pour apercevoir les candidats mais Marilyne Simmonet, (DA de la Rochelle et adjointe au maire) nous raconte qu’à l’applaudimètre Ségolène Royal est gagnante, que les rencontres ont été sinon amicales, civilisées. Elle nous explique comment se passent les choses à La Rochelle où Ségolène est fortement soutenue, nous tirons des plans pour le lendemain en grignotant merguez et brochettes. Il y a encore beaucoup de monde, ambiance chaleureuse, accueillante…Tout cela augure bien du lendemain.
Coup de fil de Robert Lion, il est militant du 7e, membre des groupes expert, il a été chef de cabinet de Mauroy en 1981, puis dix ans président de la Caisse des Dépôts et Consignations ! Maintenant, il travaille avec Agris Sud une ONG agroalimentaires. Nous filons boire un verre avec lui, il nous parle Brésil, du forum de Porto Allegre, de son histoire, du PS…c’est passionnant.
VENDREDI MATIN
Cette fois ça y est, nous sommes dans le vif du sujet. Sur le parvis de l’espace Encan (juste à côté du port et du grand Aquarium), des tentes blanches sont dressées (librairie, buvette, associations etc.), nous allons nous inscrire dans une bousculade phénoménale : militants, presse, organisateurs…La pluie tombe en rafale et tout le monde se serre dans le hall d’entrée. Chacun essaie de retrouver sa section, les copains, son badge, enfin sa place ! Le vrai problème c’est de pouvoir s’inscrire au dernier moment. Université d’été historique : c’est la première fois qu’il y a autant de monde, (plus de 3000 personnes). Il a fallu fermer les inscriptions pour des raisons de sécurité. Elles sont rouvertes aujourd’hui pour une ou deux heures. Une fois dûment inscrits et équipés d’un sac rouge contenant le programme, un plan et quelques documents, nous essayons de décider dans quels ateliers nous irons : banlieues, discriminations, économie c’est un vrai programme universitaire mais il y a tout le reste : les rencontres informelles, les discussions de couloirs, les infos échangées c’est aussi important. Pour l’heure (qui tourne), il y a la séance d’ouverture avec Ségolène Royal et nous ne devons pas la manquer. Début prévu à 14 h 30, à 13 h il y a déjà la queue devant la porte de l’auditorium que défend Henri avec vigueur : « j’ai des ordres de mon chef personne n’entre avant que j’en ai reçu l’ordre. Yvette et Josiane ont fait le voyage depuis Tarbes. Elles sont en tête, elles ne rateraient ce moment pour rien au monde. Yvette, 57 ans, garde trois jours de vacance chaque année depuis qu’elle s’est inscrite en 2001 : « Ah, je peux dire que ce n’était pas la joie la première année, j’étais en miette, on était tous en miettes d’ailleurs ! » Elle ne veut pas dire pour qui elle votera, finalement elle lâche que « Ségolène est bien placée dans les sondages mais que tout de même « elle veut réfléchir » et elle est là pour ça. Sa copine Josiane est plus net : « Il faut mettre la droite dehors, alors si Ségolène est la mieux placée, ce sera sans état d’âme ». Et puis elle ajoute « une femme présidente de la république, moi ça ne me déplairait pas ». Marc les suit dans la queue : »Tout de même, Jospin… »Les deux femmes s’insurgent « Alors là, il nous a plantés quand on était dans la mouise et puis il revient quand tout s’arrange ! Trop tard ! ». Elles sont remontées les deux copines, Jospin pour elles, pas question. ». Marc a beau plaider tout ce qu’on sait : expérience, maîtrise, un bon bilan… ». « Trop tard »répètent-elles catégoriques. Et puis elles ouvrent le programme des ateliers pour voir où elles iront. Ce qu’elles préfèrent ? C’est simple : les repas parce qu’on croise tout le monde.
VENDREDI QUATORZE HEURES QUINZE
Henri ouvre les deux battants. Précipitation, on se jette sur les fauteuils pour réserver des rangs entiers pour les copains. Pendant un moment, il y quelques personnes de rang en rang bloquant les places puis très vite la salle est comble. Sur scène, Christophe Cambadélis l’organisateur de l’Université d’Eté, un représentant du Mouvement des jeunes socialistes, et Maxime Bono le maire de la Rochelle. Et tout d’un coup, une bousculade en haut de l’auditorium, des flashes, des caméras, des micros c’est l’entrée de Ségolène Royal. Et la salle debout qui l’applaudit. Du moins les deux tiers et même plus. Une ovation qui se prolonge tandis qu’elle descend les escaliers, gagne sa place, s’assied, sourit, sourit encore…Longue standing ovation que Christophe Cambadélis apprécie modérément, du moins on pourrait le croire à son air légèrement surpris d’abord puis nettement agacé. Peu à peu, tout le monde s’assied et il va au pupitre ouvrir la séance. Il le fait brièvement et sobrement pour donner la parole à la présidente de Poitou Charente, insistant mine de rien, sur son titre : c’est en temps que telle qu’elle va parler. Et elle se lève. Seconde longue standing ovation à laquelle elle répond d’un sourire charmeur et demande le silence.
Ségolène Royal coincée dans son périmètre régional va en profiter pour faire le bilan des régions présidées par la gauche (elle a reçu hier soir tous les présidents de région de gauche) et proposer un programme s’appuyant sur les régions : « Présidente de région dit-elle, et rien que ça, ça me va ! » Debout sur la scène, refusant le pupitre mais allant et venant devant nous, très à l’aise, souriant souvent, elle développe les réalisations, les propositions. La durée de son intervention prévue sur vingt minutes passe à quarante cinq minutes, sans qu’elle hésite un instant, et surtout sans une note. Une ou deux fois, Cambadélis consulte sa montre mais ne l’interrompt pas. Son discours ponctué d’applaudissements s’achève dans une troisième standing ovation, avec la presse qui n’a cessé de filmer, ne s’interrompant que pour tourner les caméras vers la foule…Mais à part les militants qui est présent ? Arnaud Montebourg qui dans un discours éblouissant, la veille, a convaincu tout son courant de la soutenir, Malek Boutih, supporter de longue date, Jean-Louis Bianco qui la connaît depuis l’Elysée, toute l’équipe de Désir d’Avenir, François Rebsamen…Mais les éléphants sont restés dans la savane…
Le représentant des MJS en lui succédant avoue d’emblée que la tâche lui paraît difficile mais il y parvient, Maxime Bono ne s’éternise pas après lui. Mais franchement on ne les écoute plus aussi attentivement et le long des escaliers, une file discrète fait mouvement vers la sortie pendant leurs deux discours.
Dehors, il pleut lorsque nous nous retrouvons pour échanger les impressions. Les journalistes font des plateaux sur le parvis. Les Désireux d’Avenir se cherchent et parfois se trouvent : une vient de Niort, un autre d’Ile et Vilaine, un autre encore de Grenoble. La majorité des représentants des comités locaux viennent du PS et nous racontent comment ils se sont constitués, ce qu’ils font. Certains sont nombreux et très animés, d’autres se sentent un peu isolés et aimeraient plus de contact entre comités de toute la France. Nous voudrions tous nous retrouver ensemble en profitant de l’occasion de La Rochelle mais impossible, trop de choses à faire, trop de gens à voir. C’est l’Université d’Eté du PS pas de désir d’Avenir. Et il est juste temps de se précipiter à l’atelier banlieue présidé par Malek Boutih.

Merci à Loly Clerc Paris d'Avenir

Publié dans Actualités

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