En créole, Ségolène Royal promet de "tout casser"

Publié le par Vincent Rey

Dans une île marquée par une abstention record en 2002, Ségolène Royal a appelé samedi les électeurs guadeloupéens à se mobiliser fortement lors de la présidentielle du printemps.

Aux Abymes, dans la banlieue de Pointe-à-Pitre, la candidate socialiste, qui a vécu dans les Antilles enfant, a clos son meeting par quelques mots de créole, déclenchant les applaudissements du public.

"Moin sé en fanm doubout! Nou kay cassè ça!" - "Je suis une femme debout! On va tout casser", a-t-elle lancé devant plus de 1.500 personnes réunies sur un grand parking en plein air.

"Malgré les mauvais coups, j'avance et j'ai besoin de vous (...) Ne vous abstenez pas de ce droit de vote pour lequel encore aujourd'hui à l'échelle de la planète tant d'hommes tant de femmes se battent et risquent leur vie", a-t-elle exhorté.

"Ne vous abstenez pas venez voter. Décidez de votre avenir! J'ai besoin de vous. Nous nous redresserons ensemble", a-t-elle assuré.

En 2002, l'abstention avait dépassé 65% en Guadeloupe.

Tout au long de son discours d'une trentaine de minutes, la présidente de Poitou-Charentes, première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée, a multiplié les références aux femmes fortes de Guadeloupe, "exploitées au travail et devant, à la maison, se charger de tout".

Dans l'après-midi, elle avait rendu hommage à la "Mulâtresse Solitude", qui s'est battue contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon et fut pendue le lendemain de son accouchement.

Après avoir déposé une gerbe devant la statue de Gerty Archimède, Ségolène Royal a cité cette première femme député de l'île et première Guadeloupéenne inscrite au barreau.

"AIDEZ-MOI A ME SOUSTRAIRE A LA MEDIOCRITE"

Elle s'est servie de son exemple pour dénoncer les attaques de la droite en ce début de campagne élyséenne.

"Ardente combattante et en même temps profondément humaine, Gerty Archimède disait que son plus grand plaisir et le sens de son engagement c'était de faire le bonheur de son peuple", a-t-elle rappelé.

"Elle disait: 'mon pire ennemi c'est la médiocrité. J'éprouve vraiment une souffrance physique quand je m'y trouve confrontée'. Aujourd'hui, aidez-moi à me soustraire à la médiocrité du débat politique. Restons vaillants! Elevons le débat!", a insisté la candidate de l'ordre du qui prône une campagne participative et décentralisée.

"Malgré les mauvais coups, j'avance et j'ai besoin de vous!", a-t-elle expliqué, défendant sa méthode participative et décentralisée, sa "phase d'écoute" avant la présentation de son programme présidentiel, le 11 février.

"J'ai la profonde certitude que je parle juste et que demain j'agirai juste pour redresser la France qui mérite mieux que ce qu'elle a", a déclaré la candidate.

Avant elle sur la tribune tendue de bleu et où ne flottait aucun emblème socialiste, plusieurs orateurs avaient dénoncé les méthodes de campagne de la droite, citant nommément le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy.

Quelques heures après l'exclusion de Georges Frêche du Parti socialiste pour ses propos sur l'équipe de France de football, Victorin Lurel, président de la région Guadeloupe, a demandé la "même sévérité" au ministre de l'Intérieur contre deux membres célèbres de son comité de soutien, l'animateur de télévision Pascal Sevran et Johnny Hallyday.

Il a reproché au chanteur, qui s'est récemment installé à Gstaad, de n'avoir "aucun patriotisme", d'exploiter "les fans et les groupies français" et d'aller "payer des impôts en Suisse".

Dans son dernier livre, "Le privilège des Jonquilles", Pascal Sevran impute la misère en Afrique à la sexualité de ses habitants.

Laure Breton / Reuters

Publié dans Actualités

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article